Mercredi 27 mai, 21h - Ermitage de Mayran - Saint-Victor-La-Coste
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Raphaël Oleg, violon
Sonia Wieder-Atherton, violoncelle
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Ludwig van Beethoven, Duo pour alto et violoncelle, WoO32
Reinhold Glière, Huit Duos pour violon et violoncelle, opus 39
Bohuslav Martinu, Duo pour violon et violoncelle n°2, H. 371
Krystof Maratka, Duo pour violon et violoncelle
Zoltan Kodaly, Duo pour violon et violoncelle, opus 7
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827)
DUO POUR ALTO ET VIOLONCELLE, WoO 32
Premier Mouvement – Minuetto
À
l’extrême fin du XVIIIe
siècle, Beethoven était plus connu sans doute comme
interprète
virtuose au piano - à ce titre il participa avec succès
à divers
« concours » - tout en créant des œuvres
de sa
composition. En 1797, il composa pour un violoncelliste amateur de
ses amis, Nikolaus Zmeskall von Domanovecz, ce duo pour alto et
violoncelle qui s’articule en deux parties, la première
intitulée
simplement et sans plus de précision premier
mouvement,
largement développée, la
seconde, plus brève, étant un sobre menuet qui
s’achève
abruptement. Beethoven maintient ici un bel équilibre entre les
deux
instruments qui se répondent élégamment. Lors de
la création il
jouait l’alto et son ami le dédicataire était au
violoncelle ;
il se trouve que celui-ci avait fort mauvaise vue et se trompait
souvent à la lecture ; ce qui valut à cette œuvre
sans
prétention la mention peut-être de Beethoven
« avec deux
lorgnons obligés » (« mit zwei obligaten
Augengläsern »). Plus tard, Beethoven dédia
à ce même ami
son 11e Quatuor à
cordes, opus 95. Le premier mouvement fut publié à
Leipzig en 1912,
le menuet à New York en 1952.
HUIT DUOS POUR VIOLON ET VIOLONCELLE, OPUS 39
Prélude - Gavotte - Cradle song - Canzonetta - Intermezzo - Impromptu - Scherzo – Étude
Né à Kiev, mort à Moscou, ce fut dans cette dernière ville que Glière fit ses études au Conservatoire avant d’enseigner à son tour d’abord dans sa ville natale puis à Moscou jusqu’en 1941. Il reçut le prix Staline à deux reprises en 1948 et en 1950. Il composa surtout de la musique symphonique mais ses œuvres de musique de chambre, peu nombreuses ne manquent pas d’intérêt, tels ces huit Duos pour violon et violoncelle qui voient s’affronter sous diverses formes en une joute pacifique le violon et le violoncelle, en de courtes pièces, du Prélude initial à la brillante Étude finale, exaltant au travers de la Gavotte de style classique, du mélancolique Cradle song, de la Canzonetta toute italienne, de l’Intermezzo très viennois contrastant avec l’Impromptu schubertien puis le Scherzo très animé, les couleurs chatoyantes des deux instruments à cordes.
DUO POUR VIOLON ET VIOLONCELLE N°2, H.371
Allegretto - Adagio – Poco Allegro
Alors qu’il séjournait en 1958 chez le mécène helvétique Paul Sacher, près de Bâle, Martinu écrivit là quelques pages pour remercier les mécènes qui l’avaient soutenu. Il honora en outre qulelques commandes dont celle du Docteur Mohr pour son épouse, ce Duo pour violon et violoncelle très différent de celui qu’il avait composé en 1927 pour ses amis du Quatuor Novak-Frank. Celui-ci, dans la tonalité de ré majeur, s’articule en trois courts mouvements très classiques, un Allegretto élégant s’opposant au lent Adagio central teinté de nostalgie tandis que le Poco Allegro final fait appel à la virtuosité des interprètes.
DUO POUR VIOLON ET VIOLONCELLE
Petit-fils d’un sculpteur tchèque ami de Rodin, Krystof Maratka est né à Prague au sein d’une famille qui a favorisé ses dons artistiques. Il a d’abord étudié diverses disciplines musicales au Conservatoire et à l’Académie de musique de sa ville natale avant de venir travailler en France grâce à une bourse de l’Institut français de Prague. Il s’installe à Paris en 1994, se perfectionne à l’Ircam et ses œuvres, souvent des commandes de différentes institutions musicales, ont été chaleureusement accueillies, jouées tant en France qu’à l’étranger par des interprètes de renom parmi lesquels Raphaël Oleg. Krystof Maratka témoigne d’un goût prononcé pour la musique de chambre comme dans ce bref Duo pour violon et violoncelle composé en mars 1995.
DUO POUR VIOLON ET VIOLONCELLE, OPUS 7
Allegro serioso, non troppo - Adagio -
Maestoso e largamente, ma non troppo lent, Presto
Ce Duo composé à Budapest au cours du tragique été 1914 revêt une ampleur inaccoutumée pour une œuvre de ce genre. Il s’ouvre sur un immense Allegro serioso, non troppo, plein de passion, presque tragique, un thème fortement asséné suivi de deux variantes qu’achève une vigoureuse coda reprenant le thème initial. Le mouvement central est un Adagio qui s’articule lui aussi en trois parties : d’abord une fugue à deux voix dans le style de Bach, suivi d’une deuxième fugue où le violoncelle occupe une place éminente la dernière partie synthétisant les deux précédentes. Le mouvement final s’ouvre sur un Maestoso e largamente ma non troppo lento qui reprend certains éléments des deux premières parties et s’achève sur un Presto au sein duquel le violoncelle imite le son d’une cornemuse.
Philippe Gut
Discographie. – L. van Beethoven, Duo pour alto et violoncelle (+ Quintettes à cordes), The Zurich String Quintet, 2 CD Brilliant Classics
- R. Glière, Huit Duos pour violon et violoncelle et Z. Kodaly, Duo pour violon et violoncelle, opus 7 (+ œuvres de Schubert, Liszt, Rachmaninov, Kodaly, Ravel et Arpeghis), S. Wieder-Atherton, violoncelle, R. Oleg, violon, I Cooper, piano, 2 CD RCA-BMG.
- B. Martinu, Duo pour violon et violoncelle n°2, H. 371 (+ Duos et Trio pour cordes), P. Hula, violon, M. Kanka, violoncelle, 1 CD Praga.
Mardi 2 juin, 21h - Ermitage de Mayran - Saint-Victor-la-Coste
Trio Goldberg, Berne
Ina Dimitrova, violon - Annette Bartholdy, alto – Mattia Zappa, violoncelle
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F. Schubert, Trio à cordes n°2 en si bémol majeur, D. 581
J. S. Bach, Variations Goldberg, BWV 988, version pour trio à cordes
TRIO Á CORDES N°2, EN SI BÉMOL MAJEUR, D. 581
Allegro moderato - Andante - Menuetto (Allegretto) - Rondo (Allegretto)
Schubert
était jeune encore lorsqu’il composa ses deux trios à
cordes,
violon, alto violoncelle ; le premier est inachevé (un seul
mouvement) ; en revanche le second qui date de septembre 1817 -
Schubert avait vingt ans – s’articule en quatre mouvements de
facture tout à fait classique. On en sait pourquoi il ne fut pas
joué ni même publié du vivant du compositeur, ni
pourquoi il ne
persévéra pas dans ce genre dont ce trio exprime des
qualités
musicales éminentes. Le premier mouvement, Allegro
moderato, est de forme
sonate : deux
thèmes en si bémol majeur vivement et nettement
exposés suivi
d’un développement de même ampleur constitué de
maintes
variations en mineur. L’Andante qui suit est en fa majeur et
revêt
la forme ABA, le thème étant présenté par
le violon tandis que
les trois instruments susurrent dans la partie centrale, comme en une
sorte de rêve éthéré ; reprise du
thème initial enfin. Le
Menuetto (Allegretto),
d’un grand classicisme qui n’est pas sans évoquer Haydn s’ouvre
à un joyeux trio que chante l’alto. Quant au Rondo (Allegretto)
final, il fait lui aussi penser au père du Quatuor à
cordes mais
témoigne d’une plus grande originalité que le menuet au
cours
duquel les trois instruments échangent de nombreuses
idées autour
d’un thème très animé.
JOHANN SEBASTIAN BACH (1685-1750)
VARIATIONS GOLDBERG, EN SOL MAJEUR, BWV 588
Les Variations Goldberg constituent la quatrième partie de la Klavierübung (la pratique du clavier), œuvre didactique de première grandeur au sein de laquelle Bach révèle sa maîtrise absolue dans ce genre redoutable qu’est la « variation ». L’origine de cette œuvre est bien connue. Le comte Keyserling qui avait été ambassadeur de Russie près la cour de Saxe souffrait d’insomnie que seule la musique parvenait à adoucir. Il demanda à Bach, par l’intermédiaire du jeune claveciniste Johann Gottfried Goldberg, de lui composer des pièces que ce dernier lui jouerait lorsqu’il manquerait de sommeil. Le dédicataire se montra généreux à l’égard du compositeur car il ne se lassait pas d’entendre les Variations apaisantes qui portèrent le nom de son protégé qui était aussi élève du Cantor de Leipzig.
Au départ une Aria en sol majeur - tonalité qui sera celle de l’ensemble des variations suivantes à l’exception de trois d’entre elles - qui est une calme sarabande très ornée, dans le style français s’articulant en deux parties de seize mesures chacune. La Variation 1 est, dans le style d’une invention, un duo brillant au cours duquel les idées passent d’un côté et de l’autre. La Variation 2 contraste avec la précédente, sorte d’invention à trois voix apaisée. La Variation 3 est le premier des neuf canons, celui-ci all’Unisuono, qu’on retrouvera, toutes les trois variations, au cours de l’œuvre ; celui-ci est extrêmement virtuose. La Variation 4, primesautière, est une invention à quatre voix au rythme endiablé. La Variation 5 est un duo enlevé en deux parties très distinctes. La Variation 6 est un Canone alla Seconda où les voix se croisent avec beaucoup de naturel. La Variation 7, Al tempo di giga, se déploie sur un rythme de sicilienne croisant deux idées mélodiques. La Variation 8 propose à son tour un duo brillant qui orne savamment le thème initial. La Variation 9 est un Canone alla Terza en deux parties qui s’enchevêtrent tandis que la Variation 10 est une Fughetta à quatre voix rigoureusement construite. Retour à un duo avec la Variation 11 toute de légèreté. La Variation 12 est naturellement un Canone alla Quarta et à trois voix. La Variation 13 est une ample Aria à l’italienne sur trois parties superposées. Alors que la Variation 14 est un duo en forme de toccata aux croisements très vifs, la Variation 15 est un Canone alla Quinta et pour la première fois on aborde ici la tonalité de sol mineur dans un tempo modéré. La Variation 16 contraste fortement : c’est une belle Ouverture à la française en deux parties. Quant à la Variation 17 en forme de toccata elle voit ses idées virevolter de part et d’autre. C’est un calme trio que la Variation 18, un Canone alla Sesta dont le sujet passe de voix en voix. Écrite sur un rythme de passepied, la Variation 19 est un air en trio très mélodique qui s’oppose à la Variation 20, une brillante toccata faisant se croiser trois grandes idées. Contraste à nouveau avec la sombre Variation 21, un Canone alla Settima, en sol mineur, très richement écrit. La Variation 22, Alla breve, revient au sol majeur pour proposer un motif unique, sorte de canon imitatif à trois voix sur une basse. La Variation 23 est à nouveau une toccata construite autour de deux idées principales. La Variation 24 est naturellement un Canone all’Ottava, vaste mouvement en forme de gigue très douce. La Variation 25 est une sorte d’aria à l’italienne, adagio en sol mineur, sous-tendu par une forte puissance émotionnelle, marquée au coin de nostalgie. La Variation 26 qui peut évoquer une chacone est une des pages les plus curieuses par sa construction complexe et souple à la fois.. La Variation 27, un Canone alla Nona, une page d’une grande limpidité est le dernier des neuf canons qui se sont glissés dans l’œuvre. La Variation 28 est extrêmement virtuose, enlevée et brillante elle aussi, une toccata magnifiquement mise en valeur comme l’est celle qui compose la bouillonnante Variation 29. Enfin la Variation 30 est un plaisant Quodlibet mêlant deux mélodies populaires s’insérant dans le contrepoint de la variation. Après quoi l’on revient à l’aria initiale énoncée dans sa totalité
Discographie. – F. Schubert, Trio à cordes n°2, en si bémol majeur, D. 581 (+ Trio à cordes D 471 et les 3 Trios avec piano),Trio Grumiaux et Beaux Arts Trio, 2 CD Philips Duo.
- J. S Bach,
Variations Goldberg, BWV 988
(transcription pour trio à cordes par Dimitri Sitkovetsky), J.
Rachlin, violon, N. Imai, alto, M. Maisky, violoncelle, 1 CD Deutsche
Grammophon.
Vendredi 5 juin, 21h - Ermitage de Mayran - Saint-Victor-la Coste
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Quatuor Artis, Vienne
Peter Schuhmayer et Johannes Meissl, violons
Hebert Kefer, alto Othmar Müller, violoncelle
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I. Pleyel, Quatuor en fa mineur, B. 367
F. Mendelssohn, Quatuor à cordes, en fa mineur, opus 80
L.
van Beethoven, Quatuor
à cordes n°10, en mi bémol majeur, opus 74
QUATUOR À CORDES, EN FA MINEUR, B 367
Vingt-quatrième enfant d’un instituteur qui en eut trente-huit, le compositeur d’origine autrichienne Ignaz Pleyel est surtout connu pour la fabrique de piano à laquelle son nom est attaché. Ce fut aussi un compositeur prolifique tout à la fois le plus publié à la fin du XVIIIe siècle tant en Europe qu’en Amérique mais aussi sans doute le plus joué. Il eut pour maître Haydn au château d’Esterhazá puis, à Strasbourg, Franz Xaver Richter dont il fut l’assistant. Il fit divers séjours en Italie et en Angleterre (où il concurrença amicalement Haydn) avant de s’installer à Paris en 1795 où il devint le facteur de pianos que l’on sait ; un an avant sa mort il fondait la salle Pleyel. Il composa essentiellement de la musique instrumentale, beaucoup de musique symphonique et de la musique de chambre de très grande qualité : seize quintettes à cordes, un septuor, quelque soixante-six quatuors et nombre de trois et duos. Pour ce qui concerne ses quatuors à cordes, le style en est proche de celui de Haydn (et l’on attribua certains de ses quatuors à Haydn précisément) tout en témoignant d’une personnalité originale. La plupart de ses quatuors s’articulent en trois mouvements ce qui le distingue de Haydn qui avait introduit en troisième position le plus souvent un menuet avec trio. Il composa en 1803 trois quatuors B. 365-367 qu’il dédia à l’autre père du quatuor à cordes, Luigi Boccherini et qui furent publiés en 1804. Ils comptent parmi les derniers qu’il écrivit Le Quatuor B. 367 qu’on entendra ce soir est composé de trois mouvements dans la pure tradition du XVIIIe siècle ; il est écrit en fa mineur, tonalité qu’on retrouvera chez Mendelssohn mais dans un tout autre esprit.
QUATUOR À CORDES EN FA MINEUR, OPUS 80
Allegro vivace assai - Allegro assai - Adagio - Finale : Allegro molto
Le Quatuor en fa mineur opus 80 de Mendelssohn fut créé le 4 novembre 1848 jour anniversaire de sa mort (en 1847) au Conservatoire de Leipzig. Il l’avait composé à Interlaken, en Suisse où il s’était retiré avec toute sa famille après la mort de sa sœur Fanny (le 14 mai 1847) qui lui avait porté un coup fatal, ce dont témoigne ce quatuor, empreint d’une immense souffrance mais aussi de révolte devant la mort dont le compositeur pressent qu’elle le menace inéluctablement et qu’elle va le happer.
Ainsi le premier mouvement, Allegro vivace assai, est comme un cri de révolte traversant les deux thèmes qui le composent en une ample exposition et qu’on retrouve dans le développement comme dans la réexpostion des deux thèmes avant une véhémente coda. Le deuxième mouvement, Allegro assai, est un scherzo haletant au sein duquel se glisse un trio lancinant qu’on retrouve au sortir de la reprise du scherzo, dans la coda. L’Adagio qui suit, en demie teinte, épouse la forme sonate : deux thèmes qui semblent répondre à l’angoisse exprimée dans le premier mouvement, sorte de « Requiem pour Fanny » prémonitoire aussi pour Félix. Le Finale : Allegro molto répond au désespoir du mouvement initial en une sorte de paroxysme : à la mort il n’est point d’issue ; une page d’un romantisme presque morbide qui clôt là une œuvre d’une puissance expressive inattendue chez le doux Mendelssohn, au soir de sa courte vie.
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827)
QUATUOR À CORDES N° 10, EN MI BÉMOL MAJEUR, OPUS 74
Poco Adagio-Allegro - Adagio ma non troppo - Presto - Allegretto con variazioni
Surnommé « Les Harpes » au prétexte stupide qu’il recèle nombre d’arpègements pizzicati, cet opus 74, le 10e des Quatuors que composa Beethoven, a été écrit selon toute vraisemblance à l’automne 1809 lors du séjour qu’effectua le musicien à Baden après le départ des troupes françaises qui avaient occupé Vienne cette année-là - ce qu’il n’avait que modérément apprécié mais ce fut surtout la mort de Haydn le 31 mai qui l’avait le plus profondément affecté, ce dont se ressent par moment cette œuvre que Beethoven dédia à l’un de ses bienfaiteurs, le Prince Lobkowitz.
Après une lente introduction le premier mouvement, Poco Adagio-Allegro, propose deux thèmes tout à la fois tendres et joyeux empreint d’une grande sérénité qui transparaît dans le développement, l’ensemble étant traversé de ces arpègements qui lui valurent son surnom. . L’Adagio ma non troppo qui suit est un superbe Lied assez complexe dans son développement qui revêt dans la coda la forme d’un rondo sonate ; au premier motif A exposé par le premier violon succède un deuxième motif B qui laisse bientôt place au motif initial puis au troisième motif C (au violon puis au violoncelle ; retour de A au violon et conclusion.. Quant au troisième mouvement, Prsto, c’est un de ces scherzo dont Beethoven a le secret, où le violoncelle s’affirme vigoureusement, le tout ponctué de deux trios.. Enfin le dernier mouvement, Allegretto con variazioni, offre une canzone populaire suivie de huit variations remarquablement variées la dernière s’achevant sur des arpèges brisés et deux accords apaisés.
Discographie. - F. Mendelssohn, Quatuor en fa mineur, opus 80 (in Œuvre intégrale pour Quatuor à cordes), Quatuor Artis, Coffret de 3 CD Accord.
Jeudi
11 juin, 21 h - Ermitage de Mayran - Saint-Victor-La-Coste
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Trio Wanderer
Vincent Coq, piano
Jean-Marc Phillips-Varjabédian, violon
Raphaël Pidoux, violoncelle
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A. Arenski, Trio avec piano, en ré mineur, opus 32
F. Bridge, Phantasy Trio avec piano, H. 79
J.Brahms, Trio pour
piano et cordes n°1, en si majeur, opus 8
ANTON STEPANOVITCH ARENSKI (1861-1906)
TRIO AVEC PIANO EN RÉ MINEUR, OPUS 32
Allegro moderato - Allegro molto - Élégie - Allegro non troppo
Le compositeur russe Arenski fut un élève de Rimski-Korsakov à Saint-Pétersbourg avant de devenir professeur d’harmonie et de contrepoint au Conservatoire de Moscou où il eut pour élèves, entre autres, Scriabine, Rachmaninov ou Glière. Globalement, l’ensemble de son œuvre apparaît comme influencée à la fois par l’école russe du groupe des Cinq et par Tchaïkovski. Le catalogue de ses œuvres contient neuf partitions de musique de chambre ; elles sont impeccables sur le plan de l’écriture, marquées au coin d’un romantisme russe maîtrisé. Cela vaut précisément pour son Trio avec piano opus 32, publié en 1894 et dédié à la mémoire fondateur de l’école russe de violoncelle Karl Davidov.
Ce Trio se compose de quatre mouvements. Le mouvement initial, Allegro moderato, est bâti sur trois thèmes, le premier, dramatique, proposé par le violon est suivi du deuxième, lyrique, énoncé par le violoncelle tandis que le piano revient pour le troisième, vigoureux. Le développement met en valeur les couleurs propres à chacun des instruments, la réexposition faisant se superposer les trois thèmes avant que l’ensemble se conclue sur une reprise du premier thème. Le deuxième mouvement, Allegro molto, est un scherzo où le piano joue une ample mélodie soutenu par les pizzicati des cordes ; le trio offre aux cordes le premier rôle pour une valse romantique lentement énoncée ; le piano revient au premier plan dans la reprise du scherzo. L’Élégie qui suit est un Adagio articulé en trois moments qui s’opposent : violon et violoncelle rendent hommage à Davidov puis le piano revient au premier plan pour laisser place enfin aux deux instruments à cordes. Le finale, Allegro non troppo, reprend en un rondo très dynamique le thème de l’Élégie puis le premier thème du premier mouvement, faisant s’affronter violon et violoncelle ; retour du thème initial en conclusion de ce qui est somme toute un cycle.
PHANTASY TRIO (TRIO AVEC PIANO) EN UT MINEUR, H.79
Allegro moderato ma con Fuoco - Ben moderato - Andante con moto espressione - Allegro scherzoso - Andante - Allegro moderato - Con anima
Le compositeur britannique Frank Bridge est un représentant éminent de l’école anglaise de musique au tournant des XIXe et XXe siècles aux côtés de Vaughan Williams. Chambriste distingué (violon et alto), chef d’orchestre réputé, il enseigna et fut le maître de Benjamin Britten. D’abord influencé par Brahms et les derniers romantiques, il subit ensuite l’influence de Schönberg et fut attiré par la polytonalité. Son Phantasy Trio, composé en 1907, ressortit de la première période. Cette œuvre répondait au vœu du musicologue et mécène William Cobbett, fort influent, qui souhaitait faire revivre une forme ancienne, très prisée au XVIe siècle, la « Phantasie ». L’Allegro moderato ma con Fuoco est une vive entrée en matière conduisant à la première partie, une sonate Ben moderato qui débouche sur l’Andante con molto espressione, une cantilène en la majeur dévolue au violoncelle contrastant avec le plaisant Allegro scherzoso en la mineur qui est le cœur de l’œuvre. L’Andante réapparaît sous une forme variée et alerte, presque exaltée. Et la Phantasy s’achève, après un rappel de l’Allegro initial, sur une réexposition de la première partie s’ouvrant cette fois sur un développement Con anima triomphant en ut majeur.
TRIO POUR PIANO ET CORDES N°1, EN SI MAJEUR, OPUS 8
Allegro con brio - Scherzo (Allegro molto – Adagio - Allegro
Brahms avait tout juste vingt ans lorsqu’il rencontra successivement le violoniste Eduard Reményi qui lui fit découvrir la musique « hongroise » (c’est-à-dire tzigane), le grand violoniste virtuose Josef Joachim qui devint son indéfectible ami, et surtout les Schumann, Robert et Clara, dont on sait l’influence qu’ils eurent sur son œuvre. Le Trio en si mineur que Brahms composa alors à Hanovre est sa première œuvre de musique de chambre ; elle fut créée en public à New York en novembre 1855 puis à Breslau, en Allemagne, en décembre de la même année. Mais le Trio que l’on écoute aujourd’hui est la version considérablement refondue de son opus 8 que Brahms réalisa en 1891. S’il est sans doute plus maîtrisé quant à la forme, ce Trio n’en conserve pas moins bien des aspects romantiques et juvéniles qui caractérisaient le jeune compositeur hambourgeois au début de sa carrière.
Il se compose de trois mouvements. D’abord, un Allegro con brio de forme sonate avec trois thèmes auxquels viennent se greffer des idées annexes : un premier thème qui est une solide mélodie bien rythmée débordante de vie, presque envahissant comparé aux deux autres thèmes plus brièvement exposés, l’ensemble très foisonnant. Le Scherzo (Allegro molto) qui suit est d’une grande légèreté contrastant avec le trio médian fortement rythmé. Et le Trio se prolonge par un Adagio tout à la fois calme, serein et majestueux pour ce qui est du premier thème, d’où émane, pour le second thème, un sentiment fervent dont le violoncelle se fait l’interprète. L’Allegro final parvient fort habilement à concilier la forme rondo et la forme sonate à trois thèmes le tout exprimé avec une joie de vivre et un optimisme chaleureux, typique du compositeur lorsqu’il était heureux.
Discographie. – A. Arenski, Trio avec piano en ré mineur, opus 32 (+Arenski, Trio N°2 en fa mineur, opus 73), Trio Borodine, 1 CD Chandos.
- F. Bridge, Phantasy Trio avec piano, H. 49 (+ Bridge, Phantasy Piano Quartet et Piano Trio n°2), The Dartington Piano Trio et P. Ireland, alto, 1 CD Hypérion.
- J. Brahms Trio pour piano et cordes n°1, en si mineur, opus 8 (+ Brahms, Trios n°2 et 3 et Quatuor avec piano opus 25), Trio Wanderer et Ch. Gaugué, alto, 2 CD Harmonia Mundi.
Dimanche 14 juin, 18 h - Ermitage de Mayran - Saint-Victor-La-Coste
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Quatuor Sine Nomine
Lausanne
Patrick Genêt et François Gottraux, violons
Hans Egidi, alto Marc Jaermann, violoncelle
Claire Désert, piano
Paris
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M. Ravel, Quatuor à cordes en fa majeur
M. Vainberg, Quintette pour piano et cordes en fa mineur, opus 18
C.
Franck, Quintette pour piano et cordes en fa mineur
QUATUOR À CORDES, EN FA MAJEUR
Allegro moderato - Assez vif-Très rythmé – Très lent – Vif et agité
Maurice Ravel venait d’avoir vingt-huit ans lorsqu’il acheva, en avril 1903, son Quatuor à cordes esquissé dès le mois de décembre précédent. Cette (presque) première œuvre de musique de chambre dédiée à Gabriel Fauré son maître témoignait d’une maîtrise exceptionnelle et reçut un accueil favorable à sa création en mars 1904. Il comprend quatre mouvements. L’Allegro moderato initial de forme sonate s’appuie sur deux idées qui parcourront sous des formes diverses l’ensemble de l’œuvre : d’abord un thème marqué « Très doux » bientôt suivi d’un thème plus alerte proposé par le violon et l’alto à l’unisson ; suivent le développement et la reprise au cours de laquelle les deux thèmes s’imbriquent juste avant la réexposition. Le deuxième mouvement, marqué Assez vif-Très rythmé, s’apparente à un scherzo, évoquant subtilement le Quatuor de Debussy (auquel on l’associe souvent), témoigne de l’humour typique du compositeur (écoutez les pizzicati du premier thème et ses jeux rythmique contrastant avec la mélodie du second ; l’épisode central, plutôt calme, propose un motif initial au violoncelle, repris par l’alto puis le premier violon, avant le thème proprement dit et le reprise du scherzo. Le troisième mouvement, Très lent, apparaît comme une douce méditation, piquetée parfois de passages passionnés, au sein de laquelle l’alto joue le rôle central. Le final, Vif et agité, voit réapparaître les deux thèmes du mouvement initial sensiblement modifiés, pleins de vie et d’animation, parcouru de traits virtuoses et brillants, emportant l’adhésion de l’auditeur.
QUINTETTE POUR QUATUOR À CORDES ET PIANO EN FA MINEUR, OPUS 18 (1944)
Moderato con moto - Allegretto – Presto - Largo - Allegro agitato
Le compositeur juif polonais Moisei Vainberg (de son vrai nom Mieczyslaw Weinberg) est un des plus grands musiciens de la Russie soviétique, égal sans doute à Prokofiev et à celui qu’il considéra comme son maître, Chostakovitch (et l’influence de celui-ci est perceptible dans le Quintette opus 18).. Né à Varsovie où il étudia au Conservatoire, il quitta la capitale de la Pologne en 1939, pour la Russie, attira l’attention de Chostakovitch avec sa première symphonie mais connut des difficultés avec le régime soviétique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.. Son œuvre compte quelque 500 partitions, 154 étant répertoriées. Le Quintette opus 18 qui date de 1944 dédié au Quatuor Borodine aux côtés duquel Vainberg le créa. Composé de cinq mouvements, ce quintette laisse apparaître l’influence de Chostakovitch par sa dimension dramatique. Au Moderato con moto initial, de forme sonate, animé, répondent successivement deux Scherzos, l’un Allegretto et l’autre Presto, auxquels fait face un ample mouvement lent, Largo, en opposition vive avec le final Allegro agitato. Nombre de thèmes populaires transcendés traversent cette œuvre caractéristique de la période réaliste de Vainberg, centrale dans son répertoire
QUINTETTE POUR PIANO, DEUX VIOLONS, ALTO ET VIOLONCELLE, EN FA MINEUR, OPUS 132
Molto moderato quasi lento – Lento con molto sentimento -
Allegro non troppo ma non fuoco
Après trente-cinq ans de silence dans le domaine de la musique de chambre, César Franck offrait aux mélomanes de la Société Nationale l’œuvre fondatrice de la musique de chambre française qu’illustreraient brillamment après lui, entre autres, Chausson, d’Indy, Fauré ou Schmitt. Favorablement accueilli par le public lors de sa création en janvier 1880, ce Quintette n’eut pas l’heur de plaire à son dédicataire, Camille Saint-Saëns, qui tenait pourtant la partie de piano ; c’est pourtant une œuvre pleine de passion, d’une formidable expressivité, d’une grande puissance, et c’est peut-être cela qui déplut à Saint-Saëns. On retrouve ici cette forme cyclique qu’il affectionnait et qu’il devait reprendre six ans plus tard dans sa Sonate pour violon et piano. Trois mouvements se partagent cette œuvre.
Le premier, Molto moderato quasi lento, s’ouvre sur une introduction, marquée dramatico par le compositeur, que joue le premier violon soutenu délicatement par les autres cordes et à laquelle répond le piano ; paraît alors le thème cyclique qu’il convient de jouer « tendre mais avec passion » selon le compositeur à nouveau ; le développement voit se mêler tous les motifs jusque là exposés, d’abord animato puis più presto avant la calme conclusion. Une vaste mélodie confiée au violon, qu’on pourrait comparer à un aria, ouvre le deuxième mouvement, Lento con molto sentimento, soutenu cette fois par le piano qui entretient un climat quelque peu fiévreux qui s’apaise au cours du développement central où se retrouve le thème cyclique évoqué dans le premier mouvement ; retour au calme avec la réexposition de l’ensemble. Contraste complet avec le dernier mouvement, Allegro non troppo ma non fuoco, qu’introduit le second violon suivi bientôt par les autres cordes soutenues discrètement et gravement par le piano ; le premier thème est vif et haletant, le second étant une reprise d’un thème cyclique emprunté au Lento précédent tandis que le thème cyclique du premier mouvement revient dans le développement sur superposant aux autres idées exposées d’abord ; l’ensemble se conclut sur une coda épanouie et joyeuse, pleine de vie et de passion.
Discographie. – M. Ravel, Quatuor à cordes en fa majeur (+Debussy, Quatuor en sol mineur), Quartetto italiano, 1 CD Philips.
- M. Vainberg Quintette pour piano et cordes opus 18 (+ 8e Quatuor en do mineur opus 66) Borodine Quartet et M. Vainberg, piano, 1 CD Melodiya.
- C. Franck, Quintette pour piano et cordes en fa mineur (+ E. Chausson, Quatuor à cordes en ut mineur, opus 15), Quatuor Ludwig et M. Levinas, piano 1 CD Naxos.